Pays d’origine : Chine

Profession : Avocat

Causes défendues : Avocat pénaliste, il intervient sur de nombreux dossiers droits de l’Homme et défend les libertés fondamentales notamment la liberté d’expression, la liberté de croyance, la liberté d’opinion. Il est intervenu dans la défense de nombreux activistes dissidents du pouvoir chinois.

 

Fondateur et directeur du cabinet d’avocat Fengrui basé à Pékin, Zhou Shifeng, âgé de 52 ans et avocat depuis 1995, a été condamné le 4 août 2016 par le tribunal populaire intermédiaire n° 2 de Tianjin à 7 ans de prison pour « subversion du pouvoir de l’Etat » et à la perte de ses droit politiques pour une durée de 5 ans.

Zhou Shifeng et son cabinet Fengrui fondé en 2007 développaient une importante activité en faveur des droits de l’Homme, de la Démocratie et des libertés civiles et sont intervenus dans de nombreuses affaires contre l’Etat Chinois. Parmi les affaires les plus célèbres figurent celle du lait maternel contaminé en 2008, mais également la défense de l’artiste dissident Ai Weiwei, d’Ilham Tohti, qui purge actuellement une peine de prison à perpétuité pour séparatisme, et de nombreux autres intellectuels, activistes et membres de la pratique interdite Falun Gong. Peu avant son arrestation, Zhou Shifeng annonçait son intention de créer une Fondation des avocats de la défense en Chine pour soutenir les familles des avocats persécutés à travers le pays.

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La vague d’arrestations conduite par les autorités chinoises durant le mois de juillet 2015 s’est d’abord abattue sur plusieurs avocats du cabinet Fengrui, et notamment Wang Yu, Zhou Shifeng, Wang Quanzhang et Huang Liqun, placés en détention le 10 juillet 2015. Elle conduira à l’arrestation de près de 300 avocats et défenseurs des droits de l’Homme à travers le pays en quelques semaines, désignés par le pouvoir et ses organes de presse comme une « importante bande criminelle ». Zhou Shifeng fait partie de la vingtaine d’avocats à être demeurée de longs mois en détention dans l’attente d’un procès.

Ce n’est finalement que le 8 janvier 2016, que les avocats du cabinet Fengrui ont été officiellement mis en accusation pour être jugés pour « subversion contre l’Etat », passible d’une peine de prison à vie.

Après un an de détention, les autorités ont annoncé la remise en liberté de l’avocate Wang Yu, collaboratrice de Zhou Shifeng et diffusé une confession télévisée de cette dernière, manifestement contrainte, reconnaissant les fautes que le régime lui reproche d’avoir commises et dénonçant l’engagement en faveur des droits de l’Homme de ses confrères, qualifiant même Zhou Shifeng comme étant « un avocat non qualifié ». Il est à noter que Pékin n’a pas hésité à faire pression sur la famille de Wang Yu en plaçant ses parents et son fils sous haute surveillance policière et en arrêtant son mari pour « incitation à la subversion contre l’Etat ».

Lors de son procès, qui s’est déroulé en présence d’un très important dispositif policier et auquel n’ont pu assister ni ses proches, ni ses avocats, Zhou Shifeng a plaidé coupable et indiqué qu’il ne ferait pas appel.

Mobilisation internationale.

Les avocats et défenseurs des droits de l’Homme persécutés en Chine ont reçu le soutien de nombreuses organisations à travers le monde. Son cabinet Fengrui a reçu le prix des droits de l’Homme du CCBE en 2015 et depuis son arrestation, Zhou Shifeng a reçu le soutien de nombreuses organisations, dont l’Observatoire international des avocats en danger.

Pour mieux comprendre l’ampleur de la répression orchestrée par le gouvernement chinois, nous vous invitons à consulter les déclarations et analyses des organisations suivantes :

Institut des droits de l’Homme des Avocats européens

http://www.idhae.org/observatoire-fr-page4.1.chin080416.htm

Amnesty International :

https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2016/08/china-assault-on-human-rights-lawyers-and-activists-escalates-with-convictions-after-sham-trials/

China Human Rights Concern Group :

http://www.chrlawyers.hk/en/content/%E9%A6%96%E9%A0%81

Human Rights in China :

http://www.hrichina.org/en/press-work/hric-bulletin/hric-translation-annotated-excerpts-hu-shigen-and-zhou-shifengs-trial

Chinese Human Rights Defenders :

https://www.nchrd.org/about-chinese-human-rights-defenders/

Lawyers for Lawyers :

http://www.advocatenvooradvocaten.nl/fr/countries/china/

Le Conseil des barreaux européens (CCBE) :

http://www.ccbe.eu/NTCdocument/FR_pr_0316pdf2_1454584730.pdf

 

Situation des avocats en Chine :

On compte environ 170 000 avocats en Chine et 10 000 cabinets, et près de 500 avocats considérés comme des défenseurs actifs des droits de l’Homme.

Depuis de nombreuses années, les avocats défenseurs des droits de l’Homme font l’objet d’une sévère répression de la part des autorités chinoises. Cette persécution prend la forme de menaces et d’intimidation, qui s’étendent parfois aux membres de la famille des avocats menacés. Parmi ces mesures de harcèlement, on note l’interdiction d’entrer en contact avec des médias, particulièrement les médias étrangers, l’interdiction de sortir du territoire et d’autres mesures de restrictions de leur liberté. Dans de nombreux cas, les autorités ont procédé à une suspension des licences de ces avocats, les empêchant ainsi d’exercer leur profession. Cette mesure peut également prendre la forme de délais abusifs dans le renouvèlement de la licence, obligatoire chaque année et autorisé par un Bureau en charge du Judiciaire dépendant du Ministère de la Justice. Des perquisitions sont parfois organisées au domicile ou au cabinet de ces avocats et il a été rapporté de très nombreux cas d’agression physique, de placement en détention abusif et de placement en résidence surveillée, parfois dans des localisations secrètes.

Les affaires jugées « sensibles » par les autorités concernent le plus souvent la situation d’activistes tibétains ou d’autres régions, des questions de liberté de croyance liées à la religion Falun Gong notamment, des questions de santé publique ou encore d’expulsions.

Depuis la répression de juillet 2015 qui a conduit à l’arrestation de près de 300 avocats et militants des droits de l’Homme, on compte encore aujourd’hui 16 détenus en attente de procès, 39 interdictions de sortie du territoire, 20 libérations sous caution, et 4 condamnations à des peines de prison ferme, dont celle de Zhou Shifeng.